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5.5 Conclusion et perspectives

Le programme de recherche de supernovæ à grand redshift SNLS réalise un changement d'échelle par rapport aux relevés précédents. Profitant d'une stratégie d'observation novatrice et parfaitement adaptée à sa cible, SNLS découvre plus de 200 candidats SN-Ia par an, et obtient un spectre conclusif pour environ 70 % d'entre eux.
Cette inflation statistique, dictée par les exigences de la cosmologie observationnelle de précision, s'accompagne d'un important effort de développement d'outils de réduction qui soient à la fois automatisés et d'une grande précision. Des outils de photométrie ont en particulier vu le jour pour appréhender la masse d'images produites par la caméra grand champ MégaCam et ses 400 MégaPixels, et y mesurer le flux de transients au pourcent.

La spectroscopie ne met pas en jeu une quantité de données aussi importante, mais les centaines de spectres obtenus au VLT constitue un échantillon à forte valeur ajoutée. Pour autant, le traitement des spectres se faisait initialement avec l'outil généraliste MIDAS, au cas par cas. Cette approche permet de profiter du sens critique de l'operateur, mais est aussi soumise aux inévitables erreurs humaines.
La méthodologie suivie par MIDAS n'est pas irréprochable, et certaines étapes ne sont pas souhaitables dans le cas, fréquent pour nous, de sources très faibles. L'efficacité du filtrage spatial des impacts de rayons cosmiques, la correction de la distorsion pour obtenir un échantillonnage régulier, source de corrélation entre pixels voisins, la propagation précise du bruit statistique ainsi que la pertinence du lissage de la fonction de réponse sont les principales problématiques d'ordre méthodologique que j'ai identifié et pour lesquelles je propose des solutions algorithmiques, implémentées en language C++, à mécanique apparente, souples et légères, à la robustesse relative car limitée aux traitement de spectres longue fente et multi-objets de l'instrument FORS1. Les principales différences par rapport à la méthodoligie standard résident dans le filtrage temporel des impacts de rayons cosmiques lors du moyennage de la série de spectrogrammes d'une observation, dans l'absence de rééchantillonnage des pixels et dans l'obtention d'une fonction de réponse globale à partir de l'ensemble des observations d'étoiles standard.

L'homogénéité et l'abondance du lot de données permet et appelle à un traitement uniformisé, capable de traiter l'ensemble des données avec des paramètres par défaut, et un quelconque sous-ensemble avec des paramètres personnalisés. Les problématiques transversales de la logistique, de la gestion des erreurs, de la complétude, de la visualisation des produits et de la manutention représentent une fraction significative du travail réalisé, en utilisant les facilités d'abstraction du language interprété Python.
Les fondamentaux de la spectroscopie étant traités, l'adaptation à d'autres instruments est prévue, en particulier pour FORS2 et pour GMOS des téléscopes Gemini. A terme, le support du mode d'acquisition en va-et-vient (Nod and Shuffle) est également souhaitable, par une modification du profil des sources à extraire.
Pour l'heure, le groupe SNLS peut compter avec une chaîne de traitement indépendante particulièrement rodée pour les données longue fente prise avec FORS1 et le grisme 300V, qui constitue l'essentiel des données du premier large programme de l'ESO pour le suivi spectroscopique, couvrant la periode de Juin 2003 à fin Septembre 2005.

L'étape sensible de l'extraction du spectre de la supernova a également été revisitée, dans le but de résoudre efficacement la composante ponctuelle associée à la supernova du fond galactique. Les informations provenant de la photométrie sont introduites afin de contraindre le profil des sources à extraire : supernova ponctuelle, galaxie hôte et galaxies de champs. Cette technique novatrice a donc été baptisée PHASE, pour PHotometry Assisted Spectra Extraction. Lorsque la galaxie hôte est assez résolue, ou que la séparation entre la supernova et le centre de la galaxie hôte est suffisante par rapport au piqué du spectrogramme, la séparation des spectres fonctionne très bien. Plus la séparation et l'étendue de la galaxie diminuent, à mesure que le redshift augmente, plus les spectres présentent de bruit anti-corrélé. À l'extrême, la supernova et sa galaxie hôte sont confondues, et l'on ne peut qu'extraire les deux simultanément ($ \sim $ 30 % des cas).
À l'exception de ce dernier cas, l'identification du type de la supernova peut se faire sans devoir ajuster un modèle de galaxie au spectre extrait, épargnant un paramètre libre source de dégénérescence.

L'utilisation par ailleurs du modèle empirique de spectres de SN-Ia SALT2 fournit un test binaire pour classifier les objets comme SN-Ia ou SN-nonIa qui s'affranchisse des librairies de spectres de supernovæ de tout types (mais qui dépend toujours indirectement du lot de spectres et de courbes de lumières utilisé pour l'entaînement de SALT2).
À grand redshift, la faiblesse du rapport signal à bruit du spectre et la dispersion intrinsèque des SN-Ia ne permet pas d'utiliser le $ \chi ^2$ comme un discriminant sûr, mais l'inspection visuelle de l'ajustement permet toujours une classification subjective.

La création automatisée et la mise à disposition en ligne pour le groupe des paramètres de chaque observation, du spectrogramme combiné exempt de fond de ciel, de l'image du bruit statistique associé, du spectre des sources extraites et de l'image du résidu d'extraction en un même lieu fournit aux experts spectroscopistes le materiel nécessaire pour valider la classification du transient et la mesure du redshift de la galaxie hôte.
Souhaite-t-il personnaliser l'extraction d'un cas difficile, en n'utilisant pas les niveaux de coupure par défaut, cela ne demande que quelques minutes si l'on est familier avec les éxecutables de PHASE.

Dans la perspective de relevés encore plus ambitieux (tel LSST) ou de satellites dédiés (tel DUNE), anticipant plusieurs milliers de supernovæ observées, la mise en place d'algorithme automatisant le traitement et l'extraction des spectres de supernovæ lointaines est sans doute un premier pas vers la systématisation de leur analyse.


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Sylvain Baumont
2010-01-11