Si l'approche conjointe spectro-photométrique est un outil puissant, son application est compliquée par la mise à jour fréquente des courbes de lumière. En effet, la précision cosmologique recherchée pour les courbes de lumière impose de contrôler parfaitement à la fois la calibration des images des champs et la photométrie de l'objet sur un fond galactique non uniforme. La production des courbes de lumière est coûteuse en temps de calcul, et celles des candidats les plus intéressant pour le projet - les SN-Ia - sont produites en priorité. Il est donc difficile de réaliser une étude exhaustive ab initio et non biaisée de la classification des candidats par cette méthode, car il faudrait disposer des courbes de lumière de tous les candidats observés.
Toutefois, elle a permis d'identifier 3 confusions entre des supernova observées au cours d'une même nuit : 05D2eb et 05D2ec (la nuit du 15 Mars 2005 ) ; 05D2dt et 05D2dm (la nuit du 17 Mars 2005 ) ; 05D4cq et 05D4cs (la nuit du 3 Août 2005 ). Cette confusion est une erreur humaine, dont la conséquence principale était d'associer un redshift erroné aux courbes de lumières concernées (le type également, mais tous ces candidats étaient du même type : des SN-Ia ou SN-Ia?), déplaçant mécaniquement le couple de points dans le diagramme de Hubble.
Par rapport à l'analyse réalisée en temps-réel, la classification de quelques objets a été revue : quelques candidats ont été réhabilités, mais un plus grand nombre est tombé en disgrâce. En effet, sans contrainte de phase, l'analyse en temps réel est plus permissive pour les SN-Ib/c, parfois classées SN-Ia, avec une mauvaise phase.
Un candidat est classé « SN-Ia » si son spectre contient les raies caractéristiques (i.e. le SiII à 4100 Å, le « W » du soufre à 5450 et 5640 Å) et qu'il est bien ajusté par SALT2, ainsi que sa courbe de lumière.
Si les raies spectrales ne sont pas évidentes, par manque de signal, mais que le spectre et la courbe de lumière sont compatibles avec le modèle de SALT2, l'objet est classé « SN-Ia? » : une supernova de type Ib/c est improbable mais ne peut pas être exclue (c.f. Figure 5.13). Notons qu'à mesure que le redshift augmente, les marqueurs les plus rouges (notamment le SiII à 6100 Å) sortent de l'intervalle spectral, ce qui augmente la probabilité de classifier une SN-Ia comme « SN-Ia? ».
Lorsque le spectre, en plus des indicateurs caractéristiques, présente des déviations (i.e. une raie plus profonde) par rapport au modèle, la supernova est classée « SN-Ia/pec » (c.f. Figure 5.14).
Notons un cas spécial - le candidat 03D1fb - qui correspond en fait à deux supernovæ ayant explosé dans la même galaxie, à un mois d'intervalle, amalgamées en un unique objet. L'algorithme de calcul des courbes de lumière ne prévoyant pas ce cas de figure, on obtient une combinaison des deux courbes de lumières, impropre à l'ajustement par SALT2. D'autre part, l'observation spectroscopique a eu lieu environ 3 semaines après le maximum de lumière du premier événement, et le signal y est quasiment nul. Les coordonnées utilisées par PHASE sont, de surcroît, celles du second événement. Ce candidat est donc classé « (SN-Ia?) ».
|
|
Lorsque l'ajustement des courbes de lumière et/ou du spectre est visiblement mauvais, la perspicacité de l'analyste aura la charge de différencier une supernova de type Ib, Ic, II, un AGN ou un objet non-identifié à grand redshift.
Pour construire le diagramme de Hubble, une classification en non-Ia suffirait, et l'on regroupe généralement les types Ib et Ic en Ib/c (en fait, les supernova de type Ib sont extrêmement rares). Ce type de supernova gravitationnelles est le plus proche du type Ia, mais avec des rapports et des profondeurs de raies différents. En imposant la phase au modèle de SALT2, l'ambiguïté ne persiste qu'à bas signal (c.f. Figure 5.14), auquel cas un type «SN-Ic/Iapec» sera parfois utilisé.
Les supernovæ de type II ont un continuum plus bleu, et des raies Balmer P-Cygni de l'Hydrogène caractéristiques (c.f. Figure 5.16). On distingue les supernovæ de type IIb par la présence de raies d'Helium. La sous-classification en IIp n'est motivée que par l'aspect de la courbe de lumière, présentant un plateau.
Les noyaux actifs de galaxie (AGN) présentent un continuum très bleu, et de fortes raies en èmission d'éléments de masse intermédiaire (Carbone, Magnésium, Oxygène), fines et/ou larges suivant l'angle selon lequel la galaxie hôte est vue.
|
|
Enfin, à mesure que les observations demandées sont de plus en plus osées, pour des objets de plus en plus lointains ou à faible contraste par rapport à l'hôte, la fraction de spectres desquels très peu de signal puisse être extrait augmente. Si de plus la courbe de lumière comporte peu de points, que certains filtres ne sont pas représentés, il est alors quasiment impossible de conclure sur le type de l'objet.
Si la courbe de lumière est compatible avec celle d'une supernova le candidat sera classé soit comme « SNI? » si l'on observe une certaine strucuration du spectre, soit comme « SN? » si la spectroscopie n'apporte pas d'information valable.
Lorsque le candidat est découvert au centre de sa galaxie hôte, et que le spectre ne présente pas de marqueur clair, il est classifié « SN-II/AGN? ».
Enfin, certains candidats très bleus ont été observés au début du programme, alors que les coupures en couleur n'étaient pas optimales. L'absence de structure ne permet pas de calculer un redshift, et l'on interprète ces objets comme étant des galaxies lointaines, sujettes à quelque événement cataclysmique, et sont classifiées « highZ ».
Afin de limiter le nombre de sous-classes, on regroupe les types de classification en 6 grands groupes :
|
On constate que le nombre d'objets non-Ia diminue drastiquement entre la première et la seconde année, en particulier pour les SN-IIs et les AGNs qui formaient la principale source de contamination de l'échantillon. Le raffinement de la procédure de sélection est à l'origine de cette épuration. En revanche, le nombre de SN-Ibc et de SN-? augmente, car les observations réputées difficiles, à grand redshift ou à forte contamination galactique sont plus souvent tentées afin de pousser notre distribution vers les grands redshift.
Reprenant ces groupes, il est intéressant de faire leur histogramme en fonction du redshift, visible en Figure 5.17. On constate le déplacement de la répartition générale vers un redshift plus grand entre la première et la seconde année, et l'augmentation relative des SN-Ia? par rapport aux SN-Ia avec le redshift (le signal diminuant, la classification devient plus difficile).
|
Si l'on se limite maintenant aux seuls groupes SN-Ia et SN-Ia?, qui sont notre cible, on peut réaliser les histogrammes du nombre de supernova observées à une phase donnée, et du nombre d'extraction avec un type de galaxie hôte donné, en fonction du redshift (c.f. Figure 5.18).
On constate que les phases sont majoritairement comprises entre -5 et +5 jours, et que la phase moyenne des SN-Ia est légérement plus basse que celle des SN-Ia? (1,4 jours contre 3,9).
Concernant le type de galaxie hôte, on observe une plus grande fraction de cas non-résolus (SNGAL) pour le groupe des SN-Ia? que pour celui des SN-Ia.
|
Synopsis des SN-Ia
|
|
Synopsis des SN-II
|
Synopsis des SN-Ib/c
|
Synopsis des SN-?
|
Synopsis des AGN
|