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Sous-sections



2.2 FORS1 et moi

Le temps d'observation alloué au programme SNLS sur le VLT pour les premières années est limité à l'instrument FORS1. Cette section décrit l'ensemble télescope+instrument, les configurations possibles et celles utilisées pour les observations SNLS.

2.2.1 Description de la bête

Les 4 télescopes du VLT sont de type Ritchey-Chrétien (miroirs primaire et secondaire hyperboliques pour une excellente correction des aberrations optiques dans tout le champ), sur une monture Alt-Azymuthale (d'axes de rotation vertical -- la fourche -- et horizontal -- le tube --, à opposer aux montures équatoriales dont l'axe de rotation principal, aligné avec l'axe de rotation terrestre, pointe le pôle céleste).

La lumière collectée par le miroir primaire M1 de 8.2 mètres est renvoyée par le miroir secondaire M2 de 1.1 mètres vers le trou central de M1. Un miroir tertiaire plan et amovible permet de rediriger le faisceau vers l'un des deux foyers Nasmyth (alignés avec l'axe de rotation horizontal, donc fixes par rapport à la fourche du télescope, et pouvant acceuillir des instruments très lourds), ou de le laisser passer par le trou central de M1 pour se focaliser au foyer Cassegrain, qui suit le mouvement du télescope (voir figure 2.2).

Figure 2.2: Conception optique commune des 4 UTs du VLT. Le foyer Cassegrain suit le mouvement du télescope. Les foyers Nasmyth ne suivent que le mouvement azymuthal, et sont fixes par rapport à la fourche tournante du télescope. Le foyer Coudé est entièrement immobile.
Image vlt_optics

Dans le mode interférométrique (VLTI), 5 miroirs supplémentaires redirigent le faisceau au foyer Coudé, fixe par rapport au bâtiment, d'où il est injecté vers le tunnel interférométrique. 3 instruments peuvent donc cohabiter sur chaque télescope, qui reste néanmoins disponible pour participer au VLTI.

Une monture Alt-Azimuthale est beaucoup plus simple, compacte et économique qu'une monture équatoriale. Mais elle a le désavantage qu'au cours du suivi de la rotation céleste, l'orientation du champ d'étoiles tourne relativement au détecteur, de la même manière que les constellations tournent par rapport à notre verticale au cours de la nuit, ce qui les rend si difficiles à reconnaître aux néophytes. Il faut donc inclure un ``dérotateur'' avant chaque instrument pour compenser cet effet. C'est un élément supplémentaire simple, parfois massif, et qui rend la conception mécanique globale beaucoup plus simple.

FORS1 est un spectro-imageur multi-fonctions, de conception simple et robuste (voir figure 2.3). Il a été conçu pour être accueilli au foyer Cassegrain des UTs, et est donc ``leger'' (2.3 tonnes pour 3x1.5 mètres). Il a été monté sur Antu (``le Soleil'' en language Mapuche, l'UT1 : Unit Telescope One du VLT) en Septembre 1998 pour sa première lumière.

Il couvre le domaine du proche UV au proche infra-rouge (330-1100nm, domaine de sensibilité des détecteurs en technologie Silicium), et peut fonctionner comme imageur, comme spectrographe et comme spectro-polarimètre. Ces fonctions sont obtenues grâce à de nombreux éléments mobiles : 3 roues à filtres, 2 roues à filtres interférenciels, un masque à longues fentes, 19 paires de couteaux mobiles et deux collimateurs interchangeables.

Le détecteur est une matrice CCD (Charge Coupled Device) de 2080x2048 pixels de 24 $ \mu $ m, correspondant à une résolution de 0.2''/pixel et à un champ de 6.8'x6.8' avec le collimateur SR (Standard Resolution) et deux fois moindres avec le collimateur HR (High Resolution). Ces collimateurs réduisent la distance focale effective du télescope (de 108 m à 25 m en mode SR) afin de couvrir un grand champ avec un petit détecteur, et donnent son nom à l'instrument : FOcal Reducer Spectrograph.

2.2.2 Caracteristiques techniques

La spectroscopie consiste à disperser la lumière des sources en fonction de leur longueur d'onde, à la manière d'un prisme. Cette dimension supplémentaire est empruntée à l'image bi-dimensionnelle : le champ de vue est réduit à une fente étroite, uni-dimensionnelle, et l'on disperse la lumière perpendiculairement à cette fente. Sur le détecteur, l'un des axes correspond alors à une dimension spatiale et l'autre à une dimension spectrale.

Le plan focal :

Le premier étage de FORS1 est situé au niveau du foyer Cassegrain du télescope, là où se forme l'image du ciel, et permet de choisir et de positionner les fentes.

En mode imageur (IMG), on laisse le plan focal libre.

En mode spectroscopie à longue fente (LSS : Long Slit Spectroscopy), le masque à fentes y est inséré. 9 fentes longues de 6.8'' et de différentes largeurs y ont été gravées, et un second masque vient occulter toutes les fentes non désirées. La position de la fente dans le champ de vision varie donc d'une fente à l'autre (voir la table 2.1).

En mode spectroscopie multi-objets (MOS : Multi-Object Spectroscopy), c'est un ensemble de 19 paires de lames qui se déplacent dans la plan focal pour synthétiser 19 petites fentes longues de 20'', de position et de largeur arbitraires. Au contraire du mode LSS où l'on ne peut qu'obtenir les spectres d'objets alignés, ce mode permet d'obtenir simultanément les spectres de 19 objets choisis dans le champ.

L'orientation des fentes par rapport au ciel est obtenue en faisant tourner l'ensemble de l'instrument relativement au télescope, grâce au ``dérotateur''.

L'étage des collimateurs vient ensuite. Les deux ensembles interchangeables de trois groupes de lentilles font l'image du plan focal sur le détecteur, mais avec des grandissements différents : l'un imagera la fente d'une seconde d'arc sur 10 pixels (SR), et l'autre sur 20 pixels (HR).

Figure 2.3: Conception optomécanique de FORS1. De haut en bas : Le plan focal et les masques. L'étage des collimateurs. Les 3 roues à filtres. La caméra (objectif + CCD) et les filtres interférenciels.
Image FORS1


Tableau 2.1: Décalage relatifs des fentes, sur le masque ( $ \Delta x_{foc}$ ), projeté sur le ciel ( $ \Delta \alpha $ ) et sur le détecteur ( $ \Delta x_{pix} $ ), en fonction de la largeur l de la fente, telle que projetée sur le ciel.
l ('') 2.50 1.60 1.00 0.51 0.28 0.40 0.70 1.31 2.00
$ \Delta x_{foc}$ (mm) -24 -18 -12 -6 0 6 12 18 24
$ \Delta \alpha $ ('') 45.3 34.0 22.6 11.3 0.0 -11.3 -22.6 -34.0 -45.3
$ \Delta x_{pix} $ (Pix.) -226 -170 -113 -57 0 57 113 170 226



Tableau 2.2: Caracteristiques des grismes disponibles sur FORS1, utilisés avec le filtre d'isolation d'ordres qui leur est adapté. Dispertion et résolution correspondent au collimateur standard et à la fente 1.0''. La couverture spectrale correspond à l'utilisation d'une fente centrée (0.28'' en mode LSS).
Grisme $ \lambda _0$ $ \lambda_{min}-\lambda_{max}$ dispersion dispersion resolution Filtre
  [nm] [nm] [Å/mm] [Å/pixel] $ \lambda_0/\Delta \lambda $  
600B 465 345-590 50 1.20 780  
600V 585 465-710 49 1.18 990 GG375
600R 627 525-745 45 1.08 1160 GG435
600I 795 690-910 44 1.06 1500 OG590
300V 590 445-865 112 2.69 440 GG435
300I 860 600-1100 108 2.59 660 OG590
150I 720 600-1100 230 5.52 260 OG590
1200g 488 431-549 24.4 0.59 1650  


L'étage des filtres :

Cet étage regroupe 3 roues à filtres, chacune portant 7 filtres ou disperseurs. Elles sont placées dans une zone ou le faisceau est parallèle, à la sortie du collimateur. Avec le collimateur SR, l'image de la pupille est au centre de cet étage. Le fait que le faisceau soit parallèle permet de ne pas le défocaliser avec les multiples combinaisons de filtres possibles.

Les disperseurs sont des grismes, contraction de grating (réseau) et de prisme. Ils consistent en un prisme dont une face est gravée d'un réseau de fines dentelures de pas p. Ce réseau a la propriété de diffracter la lumière de longueur d'onde $ \lambda $ selon un angle $ \alpha $ = k $ \lambda $ / p ; k entier. On voit donc que cet angle est proportionnel à $ \lambda $ (si k $ \neq$ 0), assurant un effet ``arc-en-ciel'', mais aussi que l'on aura plusieurs ``arc-en-ciels'', ou ordres de diffraction, pour k = 1, 2, 3 ... La forme des dentelures est optimisée pour que l'ordre 1 soit le plus lumineux2.2, et le prisme sert à réorienter cet ordre le long de l'axe optique, pour un $ \lambda _0$ de réference. Le faisceau n'est donc globalement pas dévié par le grisme, mais se trouve dispersé selon toutes ses couleurs.

Un point reste cependant problématique : la présence des autres ordres, et en particulier de l'ordre 2. En effet, l'angle de dispersion de la lumière à $ \lambda _0$ /2 dans l'ordre 2 sera égal à celui de la lumière à $ \lambda _0$ dans l'ordre 1. On verra donc les deux ordres se recouvrir, ce qui n'est pas très pratique. La solution est d'inclure un filtre qui sélectionnera un seul octave du spectre électromagnétique, empêchant de fait tout recouvrement.

De nombreux filtres sont utilisés en astronomie lorsque l'on fait de l'imagerie, chaqu'un sélectionnant une couleur (ou bande photométrique). L'observation dans 3 filtres permet de reconstituer une image en couleurs mimant l'impression visuelle. Scientifiquement, l'imagerie multi-bandes renseigne sur la forme globale du spectre de l'objet. Plus le nombre et la finesse des bandes sera grand, plus la forme du spectre sera contrainte. Cela revient à faire de la spectroscopie à très basse résolution. Afin de pouvoir comparer des mesures entre elles, les filtres utilisés doivent êtres identiques. Les filtres de Bessel et de Gunn-Peterson sont les plus usuels.

.

La première roue, dénommée roue Wollaston, contient le prisme de Wollaston qui permet de séparer les composantes o et e en polarimétrie, le filtre U de Bessel, les filtres u, v, r et z de Gunn, et le grisme 600V.

La seconde roue, dénommée roue des grismes, contient les grismes 300V, 300I, 600B, 600I, 150I et 1200g (grisme holographique à phase volumique).

La dernière roue, dénommée roue à filtres large bande, contient les filtres d'isolement d'ordres GG375, GG435 et OG590, les filtres photométriques B, V, R et I de Bessel et le filtre g de Gunn.

Ces nomenclatures correspondent aux couleurs des filtres : U pour l'UV, G pour le vert (green), V pour le jaune (visible), R pour le rouge et I pour l'infra-rouge. Les noms des grismes comportent également le nombre de trait par centimètres, proportionnel au pouvoir de dispersion (en Å/mm) ou à la résolution (égale à $ \lambda_0/\Delta \lambda $ ). La lettre indique la bande correspondant à $ \lambda _0$ . Les noms des filtres d'isolement d'ordre sont des nomenclatures du fabriquant. La table 2.2 résume les propriétés des grismes, associés à leur filtre d'isolement d'ordres.

L'étage de la caméra :

C'est l'étage final de l'instrument, où le faisceau parallèle est focalisé sur le détecteur.

Après l'objectif focalisateur se trouve une roue à filtres interférentiels. C'est un empilement alternatif de couches minces (< $ \mu $ m) de deux materiaux ayant des indices de réfraction différents, permettant de ne transmettre qu'une très fine bande de longueurs d'ondes centrée sur $ \lambda _0$ égal à l'épaisseur des couches (c'est le même principe que les traitements anti-reflets de vos lunettes). Seulement, cet effet est très sensible à l'inclinaison du faisceau, et l'on place donc ces filtres à proximité du détecteur, là où le faisceau converge bien perpendiculairement (avec le collimateur SR du moins). L'effet de l'angle d'ouverture du faisceau élargit et diminue un peu la transmission du filtre, mais l'effet reste similaire dans tout le champ (si ce filtre était placé dans le faisceau parallèle, la transmission serait optimale au centre du champ, et dégradée aux bords).

Ces filtres permettent d'isoler une raie d'émission spécifique d'un élement chimique. Cela ne présente d'interêt qu'en imagerie, où l'on obtient ainsi une image de l'abondance de cet élement, sans être contaminé par les autres sources de lumière.

Le détecteur est enfin couvert par un diaphragme qui commande le début et la fin des poses.

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Après avoir traversé l'atmosphère terrestre, rebondi sur deux miroirs, traversé la fine fente, 10 lentilles, un grisme et un filtre, des photons ayant voyagé durant 5 milliards d'années viennent s'enfoncer dans la fine couche de Silicium du capteur CCD. S'ils ont, en plus, une longueur d'onde proche de 700nm, 8 sur 10 d'entre eux sauront libérer un électron de la trame cristalline du semi-conducteur. Ces électrons attendront, confinés dans leur pixel, que le diaphragme se ferme, que les portes des transistors de lecture s'ouvrent, pour être entraînés dans le tourbillon de l'ère numérique moderne. Et l'astronome visualisera sur son écran plasma l'image reconstituée de ces photons, rangés par couleur, tout juste receuillis dans le creuset d'Antu, et transmutés par le mage FORS1.

2.2.3 Configurations choisies pour SNLS

En ce qui nous concerne, la première demande de temps à l'ESO était un Large Program, limité à des observations sur FORS1 en mode LSS. FORS1 n'est pas le meilleur instrument de l'ESO, mais est tout à fait convenable, et présente l'avantage de ne pas être trop demandé. La demande avait donc une chance d'être acceptée. Elle le fut, nous allouant 60 heures d'observations en temps noir par semestre pendant 2 ans, soit un impressionnant bagage de 240 heures.

Puisque l'on cible des supernovæ, dont on attend une poignée par mois et par champ, avec très peu de chances pour qu'elles soient groupées dans un champ de 7'', et que la réduction de spectres LSS est beaucoup plus simple et propre que celle de spectres MOS, le choix du mode LSS était naturel.

Pour la seconde demande de temps (Oct. 2005 - Oct. 2007), de nombreux nouveaux instruments formidables ont été intallés à Paranal, et la pression sur FORS2 (plus sensible que FORS1 dans le rouge) a diminué. On souhaitait maintenant pouvoir mesurer aussi le redshift de galaxies hôtes de vieilles supernovæ dont la courbe de lumière est en bon accord avec une SN-Ia, mais pour lesquelles le spectre n'avait pas pu être obtenu (mauvais temps, indisponibilité et aléas divers). La demande portait donc cette fois sur FORS1 et sur FORS2, en modes LSS et MOS.

Il ne reste alors qu'à choisir le grisme et la fente les mieux adaptés à nos objets.

Nos spécifications :

Les éjectas de supernovæ, du fait de la nature violente du phenomène, présentent une agitation thermique forte. Cela se traduit spectralement par un lissage Doppler des raies d'absorption, de l'ordre de $ \Delta \lambda / \lambda_0 \sim$ 0.005 (soit $ \Delta \lambda \sim$ 25 Åpour $ \lambda _0$ = 5000 Å). Il est donc inutile d'avoir une résolution spectrale meilleure que $ \lambda_0/\Delta \lambda $ = 1/0.005 = 250, puisque l'on ne s'attend pas à voir de détails spectraux au delà de cette résolution.

Les supernovæ observées sont souvent très faibles (M$ _I \sim$ 24) et l'on collecte d'autant plus de photons par pixel que la résolution du grisme est faible (chaque pixel couvre un plus grand intervalle de longueurs d'ondes). Donc si l'on veut avoir un S/N décent, il vaut mieux choisir un grisme de basse résolution.

De plus, l'identification spectrale des supernovæ est basée sur l'analyse des accidents du spectre (raies d'absorption), différents d'un type de supernovæ à l'autre. Une identification robuste nécessite donc de couvrir un large intervalle spectral, contenant le plus de raies possibles. Là encore, la couverture spectrale d'un grisme est d'autant meilleure que sa résolution est basse.

Cependant, le but de la spectroscopie est aussi de déterminer précisément le redshift des galaxies hôtes (à 10$ ^{-3}$ près). Ceci demande de résoudre les raies d'émissions nébulaires des galaxies, typiquement larges d'une dizaine d'Angstroms. Il faut donc une dispersion de quelques Angstroms par pixel.

L'étude des caractéristiques des grismes (table 2.2) montre que les grismes 300V et 300I correspondent le mieux à ces demandes (couverture large, résolution faible et dispersion suffisante).

Visible ou Infra-Rouge ?

La seule différence est alors l'intervalle de longueurs d'ondes du spectre obtenu. Le grisme 300V couvre le domaine du visible (445-865nm), et le grisme 300I couvre le domaine du proche infra-rouge (600-1100nm).

Les SN-Ia émettent le maximum de leurs photons autour de 400nm, dans le bleu, à l'époque du maximum de luminosité, et les raies les mieux connues sont entre 350 et 650nm . L'effet du redshift va translater cet intervalle à 455-845nm pour z = 0.3 et à 595-1105nm pour z = 0.7 . À priori, il faut donc choisir le grisme 300V pour les supernovæ dont on estime que le redshift est inférieur à 0.5, et le grisme 300I au-delà.

Cependant, le ciel est beaucoup plus lumineux au-delà de 800nm, la sensibilité du capteur CCD y est plus faible, et des franges d'interférences se forment à cause de la minceur du CCD, dont l'épaisseur devient proche de la longueur d'onde des photons. Le S/N obtenu avec le grisme 300I est donc bien moindre que celui obtenu avec le 300V, à temps de poses égaux.

En conséquence, on préfère généralement utiliser le grisme 300V, parfois complémenté par des observations en 300I pour couvrir une grande gamme spectrale.

De plus, l'effet d'un grand redshift (>0.7) déplace la partie proche UV des spectres dans le domaine visible, ce qui est d'un grand intérêt scientifique puisque ces photons UV sont absorbés par l'atmosphère terrestre, rendant cette partie du spectre très malconnue pour les supernovæ proches.

Choix de la fente :

La largeur de la fente choisie va influencer la résolution spectrale, puisque l'on disperse selon cette même direction. C'est l'intérêt d'avoir des fentes aussi fines que 0.28'', pour faire de la spectroscopie à haute résolution. Cependant, la turbulence atmosphérique étale les sources ponctuelles en un disque d'une largeur typique, le fameux seeing, de l'ordre de 0.8'' à Paranal (et 5'' à Paris). Appliquer une fente plus fine que ce disque entraîne la perte d'une bonne partie du flux lumineux. La spectroscopie haute résolution sera alors limitée à des objets brillants.

Dans notre cas, on s'inquiète plus de récolter le maximum de photons que d'avoir une bonne résolution spectrale. A l'inverse, si la fente est plus large que le disque, on récolte en plus des photons provenant du fond du ciel, qu'il faudra soustraire, et qui apporteront leur part de bruit. Il faut donc choisir une fente proche du seeing.

Lorsque le seeing se dégrade, le flux lumineux est dilué dans la tâche image, alors qu'il s'y concentre lorsque le seeing s'améliore. On obtient donc un signal d'autant plus fort que le seeing est bon. Paranal est doté d'un petit télescope automatique dédié à mesurer cette qualité d'image : le DIMM (Differential Image Motion Monitor). Les astronomes peuvent donc suivre en temps réel la qualité d'image au cours de la nuit, et démarrer une observation lorsque le seeing requis est atteint. Cependant, il se peut que le seeing se dégrade au cours de la pose, surtout si elle dure une heure. Si c'est le cas, et que la dégradation est vraiment trop forte, la pose est interrompue, quite à la reprendre plus tard.

Afin d'avoir un S/N convenable, nos observations sont conditionnées à un seeing inferieur à 1''. La fente est choisie pour être 0.2'' plus large que le seeing :

seeing <0.5'' $ \rightarrow $ fente de 0.7''
0.5'' <seeing <0.8'' $ \rightarrow $ fente de 1.0''
0.8'' <seeing <1.0'' $ \rightarrow $ fente de 1.3''


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Sylvain Baumont
2010-01-11